Adieu Paris
Je prends le train ce soir.
Adieu Paris, ma ville.
Adieu les jours de vrai bonheur !
La bohème charmante et les amours faciles.
Tout ce qui parlait à mon cœur
La comtesse Bokbok, son salon et ses lustres
Les rendez-vous au fond du parc du Luxembourg
La Sorbonne terrible et sa poussière illustre
Et ma chambre tout près du ciel, près de l'amour, près de l'amour.
Adieu les vieux copains, les amis que je laisse
Et vous petite femme exquise que j'aimais.
Adieu tous mes printemps et tous mes mois de mai.
Adieu jeunesse.
Je retrouverai la province
Le même calme du foyer
Le même bruit, la porte qui grince
La même odeur de camembert dans l'escalier
Les dames pieuses, les commères, le receveur de l'enregistrement
Et les filles du commandant
Qui ne sortent qu'avec leur mère
Et voilà ! Je suis diplômé.
Le roman est terminé.
Je prends le train ce soir.
Adieu Paris, ma ville
Adieu les jours de vrai bonheur
La bohème charmante et les amours faciles
Tout ce qui parlait à mon cœur
L'automne blond, le long des quais, sous les grands arbres
Le bouquiniste et son vieux client du jeudi
Le petit restaurant où l'on sert sur le marbre
Où l'on dîne en vitesse, où l'on mange à crédit quelques radis.
Adieu les vieux copains, les amis que je laisse
Et vous, petite femme exquise que j'aimais.
Adieu tous mes printemps et tous mes soirs de mai.
Adieu, adieu jeunesse !