Le contrebandier

Il était né sur la frontière,

Là-haut dans le Nord où c'qu'y a du vent.

Contrebandier tout comme son père,

Il avait la fraud' dans le sang.

Il attendait les nuits sans lune

- Quand il fait sombre, on passe bien mieux. -

Pour s'faufiler par les grandes dunes

Où l'vent de la mer nous pique les yeux.

Ohé, la douane !

Ohé, les gabelous !

Lâchez tous les chiens

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Regardez sur la dune

L'homme qui passe là-bas.

Il est pourtant seul

Mais vous n'l'aurez pas.

Il s'fout d'la douane

Au fond de vos cabanes,

Allez, planquez-vous

Et lâchez les chiens.

Ohé, les gabelous !

Ohé, la douane !

Quand il avait rien d'autre à faire,

Les nuits où qu'il faisait trop clair,

Il changeait les poteaux frontières

Et foutait le monde à l'envers

Ou bien, d'autres fois, en plein passage,

Quand il avait bu un bon coup,

Il poussait de vrais cris sauvages

Et v'là qu'je passe dépêchez-vous.

Ohé, la douane !

Ohé, les gabelous !

Lâchez tous les chiens

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Regardez sur la dune

L'homme qui passe là-bas.

C'est moi, moi tout seul,

Mais vous n'm'aurez pas.

J'me fous d'la douane

Au fond de vos cabanes.

Allez, planquez-vous

Et lâchez les chiens.

Ohé, les gabelous !

Ohé, la douane !

Il pouvait pas s'mettre dans la tête

Qu'la loi des hommes, c'est très sérieux.

C'était comme une sorte de poète

Et ces types-là, c'est dangereux.

Alors une nuit qu'y avait d'la lune,

Qu'y baladait pour son plaisir,

Ils l'ont étendu sur la dune

A coup d'fusil pour en finir.

Ohé, la douane !

Ohé, les gabelous !

Planquez tous vos chiens

Et puis amenez-vous.

Du fond de vos cabanes,

C'est d'la belle ouvrage,

Seulement, ce soir,

Ce n'était qu'un homme.

Il travaillait pas.

T'entends, la douane ?

Alors, fallait pas...

Et puis planquez-vous

Au fond de vos cabanes.

Ohé, les gabelous !

Ohé, la douane !