Sérénade du pavé

Si je chante sous ta fenêtre,

Ainsi qu'un galant troubadour

Et si je veux t'y voir paraître,

Ce n'est pas, hélas, par amour.

Que m'importe que tu sois belle,

Duchesse, ou lorette aux yeux doux

Ou que tu laves la vaisselle,

Pourvu que tu jettes deux sous.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai si souvent chanté.

Ton offrande est la bienvenue.

Fais-moi la charité.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai si souvent chanté.

Devant moi, devant moi, sois la bienvenue.

L'amour, vois-tu, moi, je m'en fiche.

Ce n'est beau que dans les chansons.

Si quelque jour, je deviens riche,

On m'aimera bien sans façons.

J'aurais vite une châtelaine

Si j'avais au moins un château

Au lieu d'un vieux tricot de laine

Et des bottines prenant l'eau.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai si souvent chanté.

Ton offrande est la bienvenue.

Fais-moi la charité.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai si souvent chanté.

Devant moi, devant moi, sois la bienvenue.

Mais ta fenêtre reste close

Et les deux sous ne tombent pas.

J'attends cependant peu de chose.

Jette-moi ce que tu voudras.

Argent, pain sec ou vieilles hardes,

Tout me fera plaisir de toi

Et je prierai Dieu qu'il te garde

Un peu mieux qu'il n'a fait pour moi.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai souvent chanté.

Ton offrande est la bienvenue.

Fais-moi la charité.

Sois bonne, ô ma chère inconnue

Pour qui j'ai souvent chanté.

Devant moi, devant moi, sois la bienvenue...