P'tite conne

Tu m'excus'ras, mignonne

d'avoir pas pu marcher

derrière les couronnes

de tes amis branchés

parce que ton dealer

était peut-être là,

parmi ces gens en pleurs

qui parlaient de toi

en regardant leurs montres,

en se plaignant du froid,

en assumant la honte

de t'avoir poussée là...

P'tite conne

tu leur en veux même pas

tu sais que ces charognes

sont bien plus morts que toi...

Tu fréquentais un monde

d'imbéciles mondains

où cette poudre immonde

se consomme au matin,

où le fric autorise

à se croire à l'abri

et de la cour d'assises

et de notre mépris

que ton triste univers

nous inspirait, malins

en sirotant nos bières

ou en fumant nos joints...

P'tite conne

Tu rêvais de Byzance

Mais c'était la Pologne

jusque dans tes silences...

On se connaissait pas

aussi tu me pardonnes,

j'ai pas chialé quand t'as

cassé ta pipe d'opium,

J'ai pensé à l'enfer

d'un téléphone qui crie

pour réveiller ta mère

au milieu de la nuit.

J'aurais voulu lui dire

que c'était pas ta faute

qu'à pas vouloir vieillir

on meurt avant les autres...

P'tite conne

Tu voulais pas mûrir,

Tu tombes avant l'automne

Juste avant de fleurir...

Mais t'aurais-je connu

que ça n'eût rien changé,

petite enfant perdue

m'aurais-tu accepté ?

Moi j'aime le soleil

tout autant que la pluie

et quand je me réveille

et que je suis en vie

C'est tout ce qui m'importe,

bien plus que le bonheur

qui est affaire de médiocres

et qui use le coeur...

P'tite conne

c'est oublier que toi

t'étais là pour personne

et que personne élût là...

Tu m'excus'ras, mignonne,

d'avoir pas pu pleurer

en suivant les couronnes,

de tes amis branchés,

parce que ton dealer

était peut-être là

à respirer ces fleurs

que tu n'aimerais pas,

à recompter ces roses

qu'il a payé au prix

de ta dernière dose

et de ton demier cri...

P'tite conne

allez, repose-toi

tout près de Morisson

et pas trop loin de moi...